Yann Arthus-Bertrand a mérité sa médaille «rigolote»(L'Avenir.net)
Il est 16h15 vendredi lorsque Yann Arthus-Bertrand pénètre dans la cour de l’hôtel de ville, accompagné de sa fidèle collaboratrice dinantaise, Jacqueline Goffart, grâce à qui sa venue a été orchestrée.
«J’aime beaucoup Jacqueline avec qui je travaille depuis très longtemps, confie Yann Arthus-Bertrand, décontracté. J’ai beaucoup d’affection pour elle, qui est bénévole dans ma fondation depuis plus de dix ans. Comme j’ai été très touché par ce qui s’est passé à Dinant lors des inondations, je n’ai pas hésité une seule seconde lorsqu’elle m’a demandé de venir.»
En haut des escaliers de l’hôtel de ville, dans le hall majestueux, les membres de la confrérie royale des Quarteniers de la flamiche forment une haie d’honneur. Histoire d’accueillir comme il se doit le célèbre photographe et réalisateur écologiquement engagé. «Oula, qu’est-ce que c’est que tout ce monde», lâche-t-il étonné par cet accueil folklorique auquel il ne s’attendait pas.
Après le discours du bourgmestre Thierry Bodlet, l’intronisation débute. «Notre planète est un musée que son conservateur, l’homme, a beaucoup de peine… à conserver, lâche Marc Navet, «grand rhétoriqueur» de la confrérie. Heureusement, de temps à autre, des hommes se dressent, s’élèvent non pas pour tirer distraitement l’oreille des mauvais élèves, mais pour conscientiser à juste titre le plus grand nombre.Monsieur Yann Arthus-Bertrand, vous êtes assurément de ceux-là qui ne ménagez pas vos efforts pour mener vos justes combats.» Et de poursuivre au sujet de l’homme «aux moustaches de mousquetaire»: «Si tous les gars du monde voulaient bien se donner la main, c’est sûr qu’alors chanteraient vraiment nos lendemains et tous diraient, convaincus par votre film “Legacy”: Ne rien faire, non! Mais se mobiliser pour la planète, les gars, si!»
Amusé par le discours
Le grand rhétoriqueur insiste: «Vous êtes, par l’entremise de vos percutants documentaires, le meilleur avocat de la défense pour votre cliente, la Terre […]. La Ville de Dinant, par l’intermédiaire de notre confrérie, est heureuse et honorée de vous introniser aujourd’hui. Nous défendons un produit de bouche lui aussi circulaire et menacé que vous, végétarien, saurez sans nul doute apprécier Même si, en bouche, notre flamiche fait le grand écart climatique: elle glace d’abord les papilles et réchauffe ensuite les zygomatiques…»
Un discours décalé qui a beaucoup amusé Yann Arthus-Bertrand. Il a même fait répéter certaines phrases… pour les filmer et les poster sur «ses réseaux».
Le réalisateur a ensuite été amené à promettre de «vivre en Copère, de respecter les chartes de la confrérie et de rester fidèle à Dinant». Il a été décoré d’une médaille, avant de déguster un morceau de flamiche et de goûter un vin rouge… bio, évidemment. « C’est la plus grosse médaille de toute ma collection et j’en ai reçu… même trop. Mais celle-là, c’est la plus rigolote», sourit-il.
L’idée d’honorer Yann Arthus-Bertrand vient de Godefroy Perot, «grand échanson» de la confrérie. «Lorsque j’ai entendu qu’il venait, j’ai proposé de l’introniser au dernier grand conseil…» Et de confier fièrement: «C’est une belle plume au chapeau de la confrérie.» (Aurélie Moreau)
Le plus gros mangeur de Flamiche (Lavenir.net)
Malgré le soleil sorti de sa coquille, samedi après-midi, à Dinant, les deux concours du plus gros mangeur de flamiche et de couques de Dinant ont connu un beau succès populaire d’après confinement. Ce n’était pas la grande foule, mais un public de sympathisants attentifs et de concurrents de ces joutes gargantuesques pour la flamiche mais moins rabelaisiennes pour les couques. Il faut dire que cette dernière compétition est aussi celle des mâchoires les plus solides.
Près de huit morceaux
Rappelons qu’une flamiche est une tarte dont rien que la recette fait reculer les plus solides estomacs. Par temps de chaleur, c’est encore pis. Pour réaliser une bonne flamiche, il faut 500 g de pâte de pain améliorée, 250 g de beurre, 500 g de fromage (boulette de Romedenne), 13 ou 15 œufs, poivre et sel. Elle se déguste chaude et accompagnée de vin de Bourgogne, du Savigny de préférence. Le poids d’une tarte avoisine le kilo! Pour le concours, elle est découpée en huit morceaux. Ils étaient vingt, samedi, à se mesurer: seize hommes et quatre dames. Ils venaient de Dinant, pour la plupart, mais aussi de Jambes, Namur, Bruxelles même et de villages voisins. Rapidement, c’est un Dinantais qui a pris le large et à un quart d’heure des 45 minutes de cette 73e édition, ce gardien de l’hôtel de ville de Namur avait déjà avalé près de 6 morceaux. Finalement, il s’en tira avec 7 morceaux et 2/3. Quasiment une tarte. Heureusement qu’il n’avait mangé que des roulades de poireaux à midi et qu’il avait quitté la table avec un… petit creux. C’est donc ce monsieur: Dominique Lechat, 55 ans qui, pour son troisième essai, a été proclamé roi de la flamiche 2021. Comme la première dame, Valérie Laforêt, de Jambes (qui, elle, a ingurgité près de 5 morceaux), il a été coiffé de la couronne de son rang. L’animateur du concours, le Grand Rhétoriqueur Marc Navet n’a pas épargné son auditoire de ses bons jeux de mots. Parmi les candidats, Thierry Dufrenne, un ancien d’Anseremme, retrouvait la table du concours, après près de 50 ans d’absence. Les flamiches étaient signées Michel Defossez, le boulanger-pâtissier de Sorinnes. Celles du 185e chapitre, elles, étaient signées Michel Frippiat, un autre boulanger-pâtissier du centre-ville. Comme d’habitude, depuis 1992, le concours était aussi ambiancé par la chorale des Joyeux Quarteniers, fondée par l’ancien Grand Maître, Jean Javaux, 89 ans, présent dans le public et admis aujourd’hui à l’éméritat. Jean fut aussi, en 1996, l’auteur de la chanson pour les quarante ans de la confrérie, Dans les jardins du casino, Samedi, sur le kiosque de M. Sax, où se déroulaient ce concours et le chapitre, ses compagnons lui ont rendu hommage et le public a écouté avec attention cette belle et originale chanson, sur l’air de La montagne de Jean Ferrat. Ajoutons qu’un groupe de demoiselles qui fêtaient le prochain mariage de l’une d’elles, sous le signe de la licorne, est venu apporter aussi un peu d’ambiance sur le site. (Michel Motte)
18 promus (Lavenir.net)
Sous le signe également de la flamiche, on élevait aussi à des grades plus élevés, dix-huit fidèles de la confrérie qui respectent son règlement à savoir: participer au moins à quelques manifestations annuelles. C’était, cette année, le thème du 185e chapitre, un chapitre écourté, que présidait sous la robe de Grand Bailli du Roy, M. Jean-Marc Van Rossem, à la place du bourgmestre qui, selon les statuts, préside les chapitres. Dinant n’ayant plus de bourgmestre en titre, c’est le plus ancien de la confrérie qui l’a donc remplacé. La confrérie a donc procédé uniquement aux promotions qui n’ont pas pu être honorées pour cause de pandémie. On n’a donc intronisé aucun nouveau quartenier d’honneur. Ont été promus: Grand dignitaire émérite, Jean Javaux; Cadet: Nicolas Thioux, de Dinant; Grand Officier: Dimitri Besohé et Jean-Marie Gérard, d’Onhaye; Gérard Crépin, Roger Duponcheel, Cédric Hermant, Dominique Rouyr, de Dinant, Christian Bouttefeux, d’Évelette, Georges Gilles, de Foy-Notre-Dame, Alain Koeune, de Boninne, Christian Scaillet, de Houx, René Vanoirbeek, d’Anseremme; Commandeur: Laurent Belot et Yvon Delvaux, de Dinant, Daniel Denis, d’Anseremme, Pierre Donis, de Dondelange et le R.P. Roger Maldague d’Arlon. Tous ont goûté au Savigny 1988 de la Réserve de la Cousinerie de Bourgogne et entendu les réflexions humoristiques, un peu cinglantes parfois, du Grand Echanson, Fabien Perot. Nous retiendrons celle adressée à l’échevin et journaliste, Laurent Belot: «Journaliste et homme politique, n’est-ce pas incompatible? Parce que le vin n’a pas de couleur politique. Et il tient beaucoup plus ses promesses. (Michel Motte)
Chapitre 184
Un très grand cru que ce 184e chapitre (lavenir.net)
L’Yvoirien Pierre Marchand, quant à lui, s’entendit dire du même: «il a une belle maison, Pierre Marchand. On y accède par un bel escalier, Pierre Marchand. Un escalier de plusieurs March-and Pierre. Et, de là, on peut y voir Yvoir et ses carrières. Quel magnifique panorama pour un Yvoirien qui est pourtant si myope au quotidien…»
Un quartenier qui en a entendu, c’est bien l’abbé Dominique Jacquemin, un Dinantais né à Braschaat il y a soixante ans. Président du collège St-Paul à Louvain-la-Neuve, successeur, là, d’un certain André-Mutien Léonard, Marc Navet lui rappela qu’adolescent, il transpirait beaucoup «malgré son gloria in excelsis DEO!» Et aussi: «pourquoi donc les séminaristes ont-ils besoin d’une auto, j’étais persuadé que les habits sacer dotaux…» Autre adresse: «vous ne finirez pas par asseoir votre auguste séant sur le trône de St-Pierre au Vatican, même si dans les rouages de l’Église, votre réputation vous rattrape, il faut encore un bon piston pour devenir, au minimum… sous-pape !» Une dernière tirée de trois pages A4 et dans la foulée de la précédente: «il y aura toujours des aigris qui, complètement à l’Ouest, perdent le nord de n’être… point cardinaux et qui, malgré tout, continuent encore à chercher des… crosses aux Evêques pour ne pas avoir été choisis.»
En soirée, une disnée a rassemblé 530 convives à la Balnéaire, tous ont apprécié les 146 flamiches de la boulangerie Defossé, de Gemechenne, et les 330 flacons de Reine Joly du vigneron, Camus, de Savigny.
Trois pages A4 pour chambrer l’abbé
Comme les sept autres nouveaux quarteniers, ces deux personnes ont promis obédience à la flamiche et à Dinant en sirotant un Savigny 1er cru 1990 de la Cousinerie de Bourgogne. Au commissaire-divisionnaire en retraite Michel Demoulin, ancien dirco de l’arrondissement de Dinant, c’est sur la tactique du gendarme que se termina son accueil par Nicola Lomartire. Au préalable, celui-ci avait souligné qu’il avait devant lui «un homme passionné et d’action». Peut-être faisait-il allusion à l’affaire Dutroux où ce policier joua un rôle. Il ajouta: «mais il sait aussi s’amuser»…
Le chapitre dit d’hiver, 184e depuis la création de la confrérie des quarteniers de la flamiche il y aura bientôt 60 ans, s’est révélé être un très grand cru. Dans les canons servis mais aussi dans les présentations plus qu’humoristiques des 9 nouveaux quarteniers (ou membres d’honneur). La palme reviendra, non seulement au Grand Rhétoriqueur, Marc Navet, toujours prêt à chambrer ses filleuls. Mais, aussi, cette fois, à Nicola Lomartire qui fit du Dinantais Jean-Michel Thioux, un Viking… Ce fut de la haute voltige, à tel point que le public a parfois dû rire sous cape. Rien de bien méchant mais un peu osé quand même. Les quarteniers Gregory Dethy, d’Haversin et l’abbé Dominique Jacquemin en ont fait les frais. Avec le sourire. Détective privé et gérant d’une concession automobile, placée à Rochefort, sous le signe du lion, le Grand Echanson, Godefroy Perot lui a confié: «Méfiez-vous des buveurs d’eau, un homme qui ne boit que de l’eau a des choses à cacher à ses semblables.» Quant à Marc Navet, il a souhaité la bienvenue au Cinacien dans la confrérie et à Dinant célèbre, jadis, pour ses… filatures. Et c’est sur une musique d’un film de James bond que se termina l’accueil.
Les promotions
Au cours du chapitre, quelques anciens quarteniers se sont vus promus. Au grade de Grand Officier, Patrice Colet, de Waulsort; Blaise Degueldre, d’Yvoir; Xavier Magnette, de Dinant et Jean-Pierre Moiny, d’Anseremme. Au grade de Commandeur: Bernard Defrance, de Lisogne; Pierre Fivet, de Rochefort; Jean-Philippe Geudvert, de Dréhance et Gérard Michaux, de Couvin. Au grade de Commandeur major: Jean-Marie Leboutte, d’Anseremme.
Sourions encore un peu...
Ajoutons encore quelques belles sorties littéraires.
Du bourgmestre, Axel Tixhon, au député cinacien Frederik Botin, à l’issue du serment de celui-ci de rester fidèle à Dinant: «Crie-le bien fort.» Ajoutant: «attention, les derniers députés MR qui sont venus à la confrérie sont devenus ministres…» De Marc Navet encore à l’abbé Jacquemin: «Notre Savigny surclasse les meilleurs vins de messe.» Ou encore: «Je sais que vous êtes gourmand et ne protestez pas car vraiment ce ne serait pas catholique de la manger, en protestant, cette flamiche.» De Godefroy Perot au commissaire Demoulin: «Comme le disait Bacchus, dieu du vin, la vérité ne sort ni de l’or ni de l’eau, mais bien, pardi, du tonneau…» Au conseiller communal, Olivier Tabareux: «Quand il entend le mot bouchon, le pessimiste pense aussitôt aux autoroutes. L’optimiste, lui, à une bouteille de Savigny. Mais la vie n’est pas un conte de fées. Si, à minuit, tu perds une chaussure, c’est que, manifestement, tu as trop bu !» (M. Motte)